L'anthropomorphisme, c'est quoi ?
- Gaëlle
- 9 avr.
- 6 min de lecture

Hola la compagniaaaa !
En ce moment, j’arrête pas de tomber sur des reels, des tiktoks, des posts, et tout type de contenus qui parlent ou font de l'anthropomorphisme (j'ai mis en capture un commentaire qui m'y a fait penser ce matin).
C'est une notion compliquée, et rien que le mot est un peu "savant". Y'a des partisans et des détracteurs.
L’anthropomorphisme, c’est pas une opinion. C’est un fait. C’est un biais cognitif humain naturel. On le fait tout le temps, avec tout : les objets (on parle à notre voiture(comment ça votre voiture elle a pas de petit nom ??)), les plantes (elle a soif la petite), et bien sûr les animaux.
Donc oui, on projette. Tout le temps. La vraie question, c’est pas si on le fait, c’est comment et à quelles conséquences.
Alors on va en discuter, poser les bases, remettre un peu de nuances et faire la lumière sur tout ça !
D'abord, l'anthropomorphisme, c'est quoi ?
C’est le fait d’attribuer des intentions, des émotions ou des pensées humaines à des animaux (ou objets, ou tout ce qui n’est pas humain). En gros, si tu mets du vernis à ongle à ton chat parce que tu penses qu'il aime le nail art, t’es à fond dedans. À l'inverse, si tu penses que le chien doit rester à sa “place” de chien et qu’il n’a strictement rien à voir avec les humains, t’es à fond “contre”. Et dans les deux cas, t’es sûrement un peu à côté de la plaque.
Je vous avoue que ça fait trèèèèès longtemps que j’ai pas rédigé de posts.
Pour plein de raisons. Parce que j’ai un peu perdu la flamme de militer pour le monde canin, parce que je trouve que c’est devenu un gros tas de “réactionnaires” un peu partout, en mode tu dis quelque chose → un éduc te fait un contre-post → puis un autre contre-post de contre-post… Et franchement, ça a autant d’intérêt que de manger un pissenlit pour guérir une gastro.
Mais je pense qu’il y a des sujets qui restent importants à aborder. Parce que le monde canin évolue. Parce que les mentalités changent. Et je trouve que la question de l’anthropomorphisme en fait vraiment partie.
Alors l’anthropomorphisme, c’est bien ou pas ?
Et bien comme d’hab, c’est ni tout blanc, ni tout noir. (n’en déplaise au monde actuel qui aime bien les avis tranchés, ou qui aime bien que les blancs, et pas les noirs. Sorry le climat politique actuel me pique l’âme ça ressort un peu ici).
Commençons par parler scientifiques.
Je vous propose de vous résumer 5 études scientifiques rapidos, sans trop vous barber, pour vous donner un aperçu de ce que la recherche dit sur le sujet et vous permettre de diffuser la bonne parole, posément, sans storytelling TikTok mal digéré.
1. Correia et al. (2023) – Anthropomorphism in Companion Dogs: A Review of Current Trends, Risks, and Benefits
Une revue de littérature hyper complète qui met en lumière les effets positifs (meilleure prise en charge médicale, lien renforcé humain-chien) et effets négatifs (surpoids, anxiété, attentes irréalistes) de l’anthropomorphisme.
Elle montre que ce n’est pas le fait d’anthropomorphiser en soi qui est un souci, mais la manière dont on le fait, et l’intention derrière.
2. Serpell & Jagoe (1995) – Early experience and the development of behaviour
In The Domestic Dog: Its Evolution, Behaviour and Interactions with People
Pas une étude à proprement parler, mais une synthèse brillante sur comment les humains interprètent (souvent mal) les comportements des chiens, selon leurs propres filtres émotionnels et éducatifs.
3. Archer (1997) – Why do people love their pets?
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Une analyse sur le lien affectif humain-animal, qui montre que notre attachement aux animaux fonctionne sur les mêmes bases émotionnelles que les attachements humains, ce qui explique qu’on leur prête facilement nos propres ressentis.
4. Tamura et al. (2011) – Dog’s response to human emotional crying
Cette étude montre que les chiens réagissent différemment selon les émotions humaines, en particulier face aux pleurs, ce qui peut entretenir chez nous l’illusion d’une compréhension “humaine” de leur part.
5. Bova et al. (2020) – Dogs' sensitivity to human communicative cues
Travail fascinant sur la capacité des chiens à capter des signaux humains complexes (regards, expressions faciales, etc.), ce qui alimente notre tendance à les voir comme “presque humains”… parfois au détriment de leur nature.
Ces études nous montrent bien que l’anthropomorphisme, c’est pas “tout mauvais” ou “tout bon”.
Il y a des effets positifs très clairs :
✅ Une meilleure lecture des signaux canins (et donc moins d'accidents, moins de morsures),
✅ Un lien plus fort entre humains et chiens,
✅ Une prise en charge vétérinaire souvent plus attentive, car les gens sont plus à l’écoute de leur animal.
Mais aussi des effets franchement négatifs :
❌ Les neuneus qui nourrissent leur chien végétarien pour “aligner leurs convictions”, au détriment des besoins biologiques de leur animal.
❌ Ceux qui les gavent de restes de lasagne ou de sucreries humaines, et en font des tonneaux stressés en manque de repères.
❌ Les chiens qu’on maintient en vie dans la souffrance parce que l’humain “n’est pas prêt” à les laisser partir.
Bref, de belles projections émotionnelles… mais à quel prix ?
Et il y a aussi un point super intéressant : certaines personnes font de l’anthropomorphisme parce qu’elles ont peu de soutien humain. (An Examination of the Relations between Social Support, Anthropomorphism and Stress Among Dog OwnersNikolina M. Duvall Antonacopoulos &Timothy A. Pychyl 2025) https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.2752/175303708X305783
Oui, coucou le monde de la PA (protection animale), avec vos capes de superhéros et vos chiens “miroirs”. On projette, on s’accroche, on s’identifie… parce qu’on en a besoin. On sauve parce que c’est important, et on se soigne par ce biais.
C’est humain. C’est pas un reproche. Mais c’est bon de le conscientiser.
Pour la faire courte : l’anthropomorphisme, c’est bien… mais.
De mon côté, j'aime bien faire des analogies entre les chiens et les humains pour aider à comprendre, pas pour effacer leur nature.
Je trouve que quand on recule un peu, et qu’on se rend compte que ce qu’on impose aux chiens, on le ferait pas du tout aux humains… ça aide à être plus tolérant. Notamment dans les cas de réactivité, ou quand on a besoin de “changer de lunettes”.
Et pour être honnête, je le fais beaucoup en ce moment avec mon fils de 2 ans.
Exemple :
Enfant très énervé de ne pas réussir à mettre la benne sur son camion.
Tu veux de l’aide? NON PAS DAIDER MOI !!! Est-ce que tu veux que je t’explique comment faire ? tu vas y arriver ! BOUM : benne expulsée dans la tronche de maman.
Maman, épuisée, qui a bossé toute la journée et enchaîne avec la soirée solo avec l’enfant, elle a failli renvoyer le camion benne façon catapulte via voie aérienne, avec la petite pensée « Tu vas voir ou je vais te la mettre ta fucking benne ».
Puis maman se pose. Elle met les “lunettes de l’enfant de 2 ans”.
Il peut pas bien parler. Il peut pas bien gérer ses gestes. Il a pas la moitié de son cerveau émotionnel terminé. Il veut faire seul. Il n’y arrive pas. C’est frustrant. Il est crevé, Il a faim, ça fait beaucoup à gérer.
Et là on comprend : c’est pas de la mauvaise volonté. C’est un cerveau en construction.
Ben… c’est pareil avec nos chiens. (Pas pour le cerveau en construction mais vous avez compris le truc)
Si on mettait un peu plus souvent leurs lunettes à eux, on verrait qu’on leur en demande souvent beaucoup, beaucoup trop. On décide quand ils mangent, quoi, comment. Quand ils sortent, où, et en plus on les engueulent parce qu’on est pressés. On rentre puis on les fait subir des gamins survoltés, ou une fin de journée difficile après le boulot. Et quand ils ont le malheur de pas comprendre ce qu’on attend, c’est le drame.
Bref ils ont, eux aussi, le droit de nous balancer leur camion benne dans la tronche de temps en temps.
Tout ça pour dire que…
La prochaine fois que vous verrez du contenu sur les réseaux où un chien est traité “comme un enfant” et que ça vous pique les yeux, ou à l’inverse quelqu’un qui nie toute ressemblance entre chiens et humains comme si c’étaient des robots sans émotions…
Posez-vous cette question :
Est-ce que je suis face à un humain qui a besoin de soutien ? Est-ce que je peux lui rappeler que son animal n’est pas “juste un chien”, mais pas non plus un enfant sur pattes ?
Et si besoin, faites-lui une fleur : offrez-lui une paire de lunettes neuves.
Chez Afflelou, y’a souvent des promos, et changer de regard, promis, ça ne fait pas mal.
Gaëlle
(Je me suis faite opérer de la myopie en 2024 donc j’ai plus de lunettes, mais promis j’en mets des factices pour garder le Style)
🐶🐶