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L'éducation positive, c'est quoi ?

Photo du rédacteur: RomaneRomane

Il est aujourd’hui difficile pour n’importe quel propriétaire de chien de s’y retrouver entre les différentes méthodes éducatives. Depuis la création de l’association en 2018, nous avons défendu et tenté de vulgariser auprès de chacun la méthode dite positive, et on s’est dit qu’il était temps de refaire un zoom dessus, pour bien commencer cette année 2025 !


On commence donc aujourd’hui une nouvelle série spéciale : on vous expliquera ce qu’est la méthode positive, on démontera quelques clichés que ses opposants essaient de faire croire à tous, on vous donnera des clés pour savoir reconnaître un VRAI professionnel en méthode positive et on finira par détailler clairement les risques de l’utilisation d’une méthode non positive.


Alors qu’est-ce que l’éducation positive ?


Aussi appelée méthode bienveillante ou méthode respectueuse (entre autres), elle est, pour simplifier, l’inverse de la méthode dite coercitive ou traditionnelle. Le terme en lui-même est malheureusement de moins en moins utilisé, car il a été repris par des personnes peu scrupuleuses qui surfent sur cette tendance sans en respecter les principes (promis, on vous apprendra à ne plus tomber dans le panneau !) : mais si l’on cesse d’utiliser un mot dès que nos détracteurs se l’approprient… on n’a pas sorti le séant des ronces !


Et puis, si ce terme a été choisi à la base, c’est justement parce qu’il était assez parlant : cette méthode utilise majoritairement le renforcement positif, c’est-à-dire l’ajout d’un élément apprécié par le chien (friandise, mais pas que !), pour renforcer un comportement que l’on apprécie, et donc faire en sorte que le chien ait tendance à le reproduire de plus en plus, jusqu’à l’avoir acquis. 


On entend très souvent que cette pratique là crée des chiens rois, à tel point que certains professionnels se sentent obligés d’ajouter des précisions comme « non laxiste », « non permissive » … pour moi, c’est justement une preuve que la méthode n’est pas comprise, malheureusement !


Alors revoyons les principes fondamentaux de la méthode positive :


1° Ton chien, tu respecteras


Cette méthode se base déjà sur un principe très simple : le chien est un être vivant doué de sensibilité, qui mérite respect de son intégrité physique, psychique et émotionnelle. Il y a là une volonté de changer les mentalités qui considèrent le chien (et encore, c’est loin d’être l’animal le plus mal loti) comme un objet ou une possession.


Nous savons aujourd’hui qu’il existe des façons de faire autrement que d’imposer sa volonté par la force, voire d’imposer sa volonté tout court : il n’y a plus qu’à espérer que tous les propriétaires de chiens souhaitent les voir s’épanouir et être heureux, et pas uniquement les avoir. 


En positif, on considère donc que le chien peut (je dirai même plus : que tous les chiens devraient !) exprimer ses envies, ses ressentis, ses émotions, ses souhaits … ce qui ne signifie pas qu’il pourra obtenir tout ce qu’il souhaite ou faire tout ce qu’il veut (et la nuance est essentielle !), mais qu’on fera notre maximum pour que la cohabitation humain-chien soit sereine, tout en le rendant le plus épanoui possible.


2° Comprendre l’ensemble du système, tu essayeras


Nos chiens font désormais partie à part entière de la famille. Ils évoluent donc dans un environnement complexe, tissent des liens avec les autres êtres vivants qui l’habitent et doivent partager un espace restreint et des ressources limitées avec eux.


S’il y a bien un point fondamental à retenir, c’est que le chien prend la décision qui lui semble la plus profitable pour lui, à un instant T : il cherche à satisfaire un besoin ou une envie qu’il ressent, et jamais à nous dominer, prendre notre place, nous emm*rder ou que sais-je d’autre.


Une fois qu’on a compris ça, on peut commencer à raisonner de la bonne façon :

  • Pourquoi est-ce qu’il agit ainsi ?

  • Qu’est-ce qu’il veut, à cet instant précis ?


En cherchant à corriger la cause et non le comportement lui-même, on règle le problème sur le long terme et de manière efficace. En revanche, si on punit systématiquement un comportement donné, mais que sa raison de se produire continue d’exister, on ne fait que forcer son chien à obéir et il continuera dès qu’on aura le dos tourné, ou si son envie est plus forte que sa peur de la sanction (et on entre là dans des conflits et des rapports de force qui n’amènent rien de bon, quand on aime son loulou…).


En méthode positive, on analyse donc les causes et on prend du recul, pour comprendre l’ensemble de la problématique et la résoudre autant que possible en prenant en compte les besoins de nos chiens. 

« Non, Chouquette, tu ne peux pas arracher la jugulaire de cette pauvre brebis dans sa pâture… mais je comprends que tu as besoin de gérer le mouvement pour satisfaire l’instinct qui coule dans tes veines alors on va pratiquer des disciplines qui permettent d’assouvir cette nécessité, et combler au maximum tes besoins ! », plutôt que « Paaaaaaaas toooooouuuuuuchéééééééé, chien dt’es moooooooooooorts » : vous voyez la nuance ?


Dans le premier cas, Chouquette arrivera de mieux en mieux à croiser des brebis, dans le second, elle prendra sur elle par peur d’en prendre une, et elle explosera comme une cocotte-minute à la première occasion, ou bien Chouquette n’écoutera absolument plus en voyant des brebis, ou fuguera pour aller les voir sans vous, ou … ou bien Chouquette se résignera et ce qui brillait dans son regard s’éteindra. Elle obéira, c’est vrai, mais à quel prix ?


« Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. » Le Petit Prince, de St Exupéry.


3° Garder ton chien en réussite, tu veilleras


Nos chiens ont des besoins fondamentaux, qui doivent être comblés pour qu’ils soient stables et sereins : besoins en dépenses physiques et mentales, besoin d’exploration, besoin social, besoin masticatoire, besoin de sécurité et besoins physiologiques, notamment.


Stabilité et sérénité sont deux conditions nécessaires à la mise à place d’un apprentissage ou à la réponse à une demande, même simple en apparence : avez-vous déjà essayé d’effectuer un exercice de mathématiques en ayant très envie de faire pipi, par exemple ?


Ainsi, la toute première chose à faire, en méthode positive, c’est de vérifier l’équilibre de ces dépenses dans le quotidien de nos chiens, pour qu’ils soient déjà aptes à réfléchir. En bref, l’idée est de gérer l’environnement de vie du chien pour qu’il puisse exprimer un comportement adapté à ses besoins ET correspondant aux nôtres, plutôt que d’agir sur son comportement uniquement.


Et ensuite, pendant les séances d’apprentissage (et même à chaque demande), il faut créer de la réussite, en suivant les principes des mécanismes de l’apprentissage :

  • augmenter la difficulté progressivement et au rythme du chien,

  • récompenser systématiquement au début puis rendre les récompenses aléatoires une fois l’exercice maîtrisé,

  • travailler dans un environnement permettant de se concentrer avant d’augmenter progressivement les distractions autour,

  • faire des séances ludiques et courtes,

  • s’adapter aux réponses de nos chiens lors du travail,

  • maitriser le timing et la fréquence de distribution des récompenses …


Le but de tout ça, c’est de n’avoir que très peu de choses à punir (si, si, on punit aussi en positif, mais j’y viens !) et un maximum de comportements à récompenser, pour progresser plus vite, avoir une relation de confiance avec son chien ET conserver sa motivation à travailler avec nous ! Et pour atteindre ce but, rien de mieux que d’agir en posant des bases stables, en amont d’éventuelles problématiques…


4° Ses « bons » comportements, tu récompenseras ; « les mauvais », tu éteindras


Les scientifiques du comportement animal, les éthologues, ont longuement étudié les mécanismes d’apprentissages de tout un tas d’espèces, dont nos chiens. Ils ont ainsi défini le concept de :

  • Renforcement = action servant à augmenter la probabilité d’apparition d’un comportement donné 

  • Punition = action servant à diminuer la probabilité d’apparition d’un comportement.


On sonne à la porte et Surimi aboie en courant vers l’entrée ; vous lui criez dessus pour qu’il arrête parce que sa voix stridente est insupportable ; la personne rentre. Vous pensez le punir, n’est-ce pas ? Mais dès que la sonnette retentit de nouveau, Surimi aboie en courant vers l’entrée…


Le comportement n’a pas diminué, donc la punition n’était pas efficace, à priori : votre agitation a peut-être même récompensé Surimi, finalement, si son comportement devient de plus en plus présent ? En bref, c’est votre chien qui vous dira si votre action a été une punition, ou un renforçateur, ou même si elle a été inefficace : il suffit d’observer si le comportement sur lequel vous pensiez agir, et de voir s’il apparaît plus, moins, ou exactement comme avant…


On parle ensuite d’ajout (+) ou de retrait (-) d’un stimulus, pour renforcer ou punir. Vous me suivez toujours ? C’est un concept essentiel ! Si j’ajoute quelque chose pour diminuer la probabilité d’apparition d’un comportement, je fais donc une punition positive (P+).


En général, c’est quelque chose de désagréable : grosse voix, saccade, coup, bruit désagréable, décharge électrique et autre joyeuseté … Si je retire quelque chose pour diminuer la probabilité d’apparition d’un comportement, je fais donc une punition négative (P-).


Intuitivement, on penserait qu’une punition négative est pire pour le chien, mais il s’agit en fait de retirer un truc agréable chaque fois qu’il agit d’une façon non ok : retirer votre présence, s’il vous saute dessus par exemple, retirer l’accès à la liberté, l’accès à un espace donné, la possibilité d’aller voir cet humain/cette vache/ce chien … Attention, ce type de punition peut aussi très violent pour le chien et doit être court, utilisé au bon moment et bien géré !


En général, ces concepts fonctionnent par deux : R+/P- et R-/P+. Prenons l’exemple de l’apprentissage de la marche en laisse : je peux (pour simplifier) soit mettre une saccade à mon chien quand il tire (P+) et ne pas lui imposer cette douleur quand il ne tire plus (retrait de la douleur pour récompenser : R-), soit récompenser quand il marche sans tirer (P+) et m’arrêter quand il tire (retrait de sa liberté de mouvement, empêchement d’aller voir un truc vers lequel il tirait : P-).


La méthode coercitive/traditionnelle/en semi-positif/en positif mais que les 35 du mois/en positif mais non laxiste/ … s’appuie surtout sur le R-/P+. Attention, ce n’est pas parce qu’un éduc distribue parfois des récompenses, en parallèle des P+ qu’il inflige à votre chien, qu’il travaille en positif : il est plutôt en train de démontrer que ses connaissances ne sont pas à jour, voire même de créer une ambivalence dangereuse chez le chien.


En méthode positive, on utilisera uniquement le couple R+/P- (en punissant le moins possible, puisqu’on aura en amont mis le chien en réussite !) et on se refusera à utiliser des méthodes d’apprentissage basées sur la peur, la douleur, l’inconfort ou le stress (colliers électriques, étrangleurs, colliers plats avec saccades sur la laisse, mais aussi canettes, bruits inconfortables à faire chaque fois que le chien agit « mal », immersion …).


On tâchera aussi, plutôt que de se contenter d’éteindre un comportement, d’enseigner au chien ce qu’il peut faire à la place, pour lui donner des solutions.


5° Obtenir des compétences d’entraîneur, tu chercheras

Un éducateur qui travaille en méthode positive travaille en fait peu le chien : il travaille avec son gardien pour lui enseigner les compétences qu’il doit acquérir lui, pour aider son loulou.


Le but, c’est de vous rendre autonome et de vous montrer que nos chiens savent communiquer quand on sait quoi regarder, que la cohabitation humain-chien peut (et doit !) se faire sans crier, mettre des coups, retourner son chien au sol (action très traumatisante pour le chien, risquant en plus de créer un accident de morsure), être sans cesse dans la menace et le contrôle …


Son travail, c’est aussi de vous accompagner avec bienveillance : il doit prendre en compte vos attentes (et les amener à évoluer si elles ne sont pas compatibles avec le bien-être de votre chien), respecter vos émotions et vous aider à les gérer, défendre les besoins de votre chien en les rendant compatibles avec les vôtres … et s’effacer ensuite, après vous avoir coaché, avoir répondu à vos questions et s’être assuré que vous avez compris qui est votre chien et comment l’accompagner au mieux.


Des connaissances et des compétences sont donc indispensables pour être un bon gardien, et c’est une formation qui doit se poursuivre toute votre vie : renseignez-vous, formez-vous au travers de stages, de webinaires, de lectures d’articles … mais seulement après avoir appris auprès d’un pro de confiance comment reconnaître du contenu fiable !


Faites preuve d’esprit critique et de remise en question, osez refuser une méthode qui ne vous semble pas convenir à votre chien : il ne peut pas parler, c’est à vous de le défendre !


Je sais que ce budget éducation/formation peut sembler non prioritaire, mais croyez-moi : il vaut vraiment mieux investir dans un apprentissage de fondations solides, plutôt que d’attendre que ce soit la catastrophe pour appeler à l’aide !


6° Sur le temps long, tu penseras

Choisir l’éducation positive, c’est choisir la difficulté, on ne le niera pas. C’est bien plus simple de « casser » la volonté d’un chien et de se défouler en lui hurlant dessus quand il nous sort par les trous de nez (tiens, c’est marrant, ça me rappelle l’éducation des enfants !) …


C’est plus simple, et c’est aussi tout ce qui nous a toujours été enseigné, et ce qu’on côtoie au quotidien dans la société : les punitions, les amendes, les contrôles, le ton qui monte dans les conflits …


On a l’impression que c’est la seule solution, d’être toujours plus dur, ferme, fort. C’est marrant, ça aussi, mais la plupart des éducateurs en positif sont des femmes, et elles arrivent à de supers résultats sans hurler (voire même, ô comble du désarroi, en utilisant une petite voix gaga !)…


Promis, c’est une méthode qui fonctionne, et qui vaut vraiment le coup, parce qu’on met en place un tas d’apprentissage pour que votre chien soit serein au quotidien - et donc son comportement aussi ! – mais c’est une méthode qui demande du temps, de la cohérence, de la persévérance et un investissement en temps et en énergie. Attendez, mais ne serait-ce pas là ce qui est nécessaire quand on fait de la place dans sa vie à un être vivant, quel qu’il soit ?!


Bien sûr, vous en entendrez un tas, de remarques de personnes qui savent mieux, qui ont toujours eu des chiens et qui peuvent vous régler le problème en deux minutes… Vous verrez un tas de bonhommes (c’est marrant, mais en général, ils s’habillent en kaki !), vous proposer de rendre votre chien obéissant en 21 jouuuurs les cooopaiiins, en un coup de fracassage de gueule par leur malinois régulateur ou je ne sais quelle autre horreur.


Fuyez, vraiment : si ça a l’air aussi facile, c’est que ce n’est pas respectueux de votre chien, en général. La violence physique est la plus visible, et elle est pourtant encore extrêmement banalisée par les éducs à l’ancienne … mais la violence psychique/émotionnelle (forcer le chien à subir une situation qui le terrorise, lui demander de taire sa colère/détresse, le forcer à cohabiter avec d’autres êtres vivants qu’il ne peut pas voir, en le maintenant constamment sous pression/contrôle …) est tout aussi douloureuse pour le chien, et bien plus souvent invisibilisée.


Travailler avec le vivant, c’est difficile et ça demande beaucoup de réflexion et d’aménagements de votre quotidien … mais c’est aussi ce qui rend les relations avec d’autres espèces si intéressantes !


Alors bravo à vous, si vous avez choisi de vous accrocher maintenant pour une super relation à vie : un lien basé sur le plaisir d’être ensemble et non sur la peur/contrainte vaut vraiment l’effort que vous faites aujourd’hui, de chercher comment travailler avec les rouages de son cerveau, et non contre sa volonté !


7° Bienveillant aussi avec toi, tu seras


C’est ok, d’avoir des jours de moins bien, de se décourager un moment face à une rechute ou à la dernière remarque de tonton Jean-Mich’.


C’est ok aussi d’être fatigué de s’adapter à son chien au quotidien, d’avoir besoin d’une pause ou d’un coup de main.


C’est ok d’avoir crié parce « putiiiin mais ça fait douze fois qu’on le voit, ce mec ! », c’est ok d’avoir eu envie de renoncer.


C’est ok de pleurer le chien parfait dont on rêvait, et qu’on n’aura pas.


C’est ok de réaliser que ce chien parfait n’existe pas, d’ailleurs.


C’est ok aussi, de ne pas arriver à mettre en place tout ce qu’on nous a recommandé, là tout de suite.


C’est ok d’envoyer bouler cet enf*iré qui lâche encore son c*nnard de clebs.. ahem ce charmant promeneur non informé des règles de politesse élémentaires.


C’est ok : vous êtes des humains qui avez décidé de faire de votre mieux, sincèrement, pour que vos chiens soient heureux… et c’est déjà énorme !


Alors on sèche ces larmichettes, on dégomme un cookie ou un punching-ball (c’est selon !), et on souffle un bon coup. On établit des priorités, si besoin avec l’aide d’un pro compétent et bienveillant, et une liste d’objectifs atteignables. On trouve un moyen de pouvoir enregistrer les petites victoires, pour pouvoir s’y replonger quand on perd espoir et on passe un moment agréable avec notre chien


Après, il sera temps de travailler. Pour le moment, il faut déjà se souvenir pourquoi on fait tout ça, et une petite plongée dans le regard de votre chien devrait vous aider !


Voila pour cette petite description non exhaustive de l’éducation positive. Est-ce que c’est plus clair, maintenant, qu’il ne suffit pas de donner des knackis ?



Arvi’,

Romane au clavier pour ce premier épisode !



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